Un nouveau métier : accompagnateur en montagne
Un récit de mon épopée depuis l’idée jusqu’au diplôme Accompagnateur En Montagne (AeM), ou Accompagnateur en Moyenne Montagne (AMM). Ce chemin a formé une belle aventure, et n’a pas tout à fait été un long fleuve tranquille. Je vous en fais un petit résumé ici !
L’origine
Je pourrai commencer par ma tendre jeunesse avec un émerveillement certain pour les hauteurs lors de sorties classe découverte. Au Grand Bornand par exemple. Ou alors vous parler de mon passage en Suisse dans les Grisons pendant plus de 2 ans où, habitant Fanas, un village à 1000m d’altitude, je filais randonner après le boulot jusque la nuit tombée.


Mais c’est en arrivant à Lyon en 2015 que j’ai pratiqué plus régulièrement la montagne. J’ai d’abord voulu voler pour mieux la contempler. Rapidement autonome en parapente, après plusieurs stages au dessus du lac d’Annecy, je parcours ensuite les Bauges, la Chartreuse, le Vercors, le Puy de Dôme, les pré Alpes de Nice ou encore la Corse à la recherche de nouveaux décollages et de thermiques favorables.
5 ans plus tard et près de 500 vols après, je m’échappe du premier confinement avec mon vélo et une petite voile sur le porte bagage. Je ferai un tour des Alpes françaises en 40 jours. Le concept est simple, je relie les atterrissages, je planque mon vélo, monte en rando et je descends par les airs. Épuisé au milieu de ce périple, je commence à me rendre compte que je souhaite prendre plus de temps lors de mes randonnées et moins jouer la montre et le nombre de vols. Je prends alors petit à petit plus de temps pour observer ce qui vit autour de moi : plantes, oiseaux, mammifères, paysages, ..


Il se trouve que quelques mois plus tôt, lors du confinement, je discutais, avec mon coloc, de mes possibles reconversions. Deux possibilités se sont dégagées dans l’idée de se prendre l’air professionnellement : aller garder un refuge de montagne ou accompagner des groupes en montagne. Quelques mois plus tard, je teste le métier d’aide-gardien, d’abord dans un gite de groupes scolaires à Crest-Voland, puis au refuge des Conscrits, à 2600m d’altitude dans le massif du mont Blanc. L’été 2023, les guides de haute montagne, les aigles et les bouquetins sont alors mes relations du quotidien. Le bilan est clair, c’est une super expérience, mais dans un refuge, on passe beaucoup de temps en montagne, mais on ne « pratique » pas de montagne, pas le temps pour ça!
A la rentrée, j’ai déménagé à Grenoble, je découvre que la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO) lance une formation complète sur l’identification des oiseaux, c’est le bon moment pour moi, je veux progresser dans ce domaine après avoir trop regardé les niverolles par la fenêtre du refuge et trop rêvé du gypaète qui frollait notre terrasse. Nouvelle passion donc, et la rencontre d’une accompagnatrice que me parle d’un organisme dans le Vercors, l’AFRAT, qui prépare à l’examen d’entrée de l’AMM. La transition est toute trouvée.

La Pré-formation et l’examen probatoire
Je me retrouve à l’été 2022, avec une belle bande de motivés de la montagne. On progresse dans nos méthodes d’orientation : définition de poste / point d’attaque / itinéraire. On refait les QCMs de l’examen et on progresse dans tous les domaines liés à la montagne. Une belle aventure en quelques mois et un gros pas en avant vers ce métier. L’examen d’entrée pour l’AMM est une course d’orientation exigeante, elle demande un bon entrainement physique et une excellente technique d’orientation sur fond de carte IGN.
En septembre 2022, nous allons ensemble dans le Jura pour passer cet examen probatoire, porte d’entrée dans la formation. Ça se joue à très peu de choses, mais c’est un échec pour moi. Sur le parcours, je me rendrai compte de mon erreur, je passe à côté d’une balise sur un morceau de ruine dans la foret, j’en trouve une autre un peu plus loin, ce ne sera pas la bonne. Je termine tout de même tout le parcours et je m’en veux alors terriblement.

Je maintiens les entrainements en orientation, seul ou en groupe et je repars à l’assaut du probatoire au printemps 2023. Cette fois tout se déroule bien, si ce n’est une intensité physique encore bien supérieure au précédent. Je n’arrive qu’avec 10min d’avance sur le temps limite, sur 7h de parcours, et aucune erreur d’orientation à signaler. C’est une étape de plus vers un important durcissement de l’épreuve. Et c’est gagné pour moi cette fois!
La formation
Alors c’est parti pour les premiers modules : le tronc commun en juin 2023 (commun avec des moniteurs de ski), l’uf1 (ancienne version) en septembre 2023, puis l’uf1-passerelle début 2024. Il faut dire que le diplôme vient de subir une réécriture, et que j’arrive en plein changement. On y insiste encore plus sur les aspects sécurité, et toute une partie « secours en milieu isolé » a été ajoutée.

Je dois attendre un an, avant d’accéder au module suivant, qui doit se dérouler en hiver. Début 2025, j’intègre la « cohorte » Vercors, une sorte de promo, qui me permet d’accéder à des dates pré-définies jusque la fin et de rester avec les mêmes collègues ! Pour tenir le rythme, je laisse mon activité informatique de côté pour m’y consacrer à temps plein. Réaliser cette formation avec un emploi à temps plein est pour moi impossible.
Sur le premier semestre 2025, j’enchaine donc les modules : hivernal, avec un trek de 3 jours en plein hiver et une nuit sous igloo; adaptation à l’effort; secours en milieu isolé; projet d’action et l’itinérance finale. Je réalise mon projet d’action sur une initiation à la reconnaissance des chants d’oiseaux. L’ « examen » final consiste aujourd’hui en une itinérance, qui doit être préparée aux petits oignons en groupe, dans un massif que l’on connait peu. Un peu comme si on concevait un nouveau produit et qu’on emmenait nos clients. Nous partons dans le magnifique massif du Dévoluy.

La durée de la formation ?
La totalité de la formation dure 11 semaines de présentiel. Il faut ajouter à cela 30 randonnées obligatoires de préparation au proba, 5 observations estivales, 10 observations hivernales, et 20 jours de stage estival. Soit 24 semaines, 6 mois en temps plein, hors formation prépa. Bref, c’est une formation assez importante, qui s’est largement intensifiée ces dernières années. Cela ne coïncide pas forcément avec l’image du guide qui improvise sa rando!?
Avoir un métier classique en CDI et suivre cette formation est une grosse contrainte. J’ai enchainé pour ma part différents contrats, sans trouver la formule idéale. Il faut être très disponible pour la formation, entre les semaines de présentiel, la préparation, les journées de stage et les formations plus personnelles avec éventuellement d’autres organismes comme pour moi : la LPO ou une asso de botanique.
Bref, j’arrive au bout de cette formation, bien plus exigeante que ce qu’on peut imaginer vu de l’extérieur. Cela apporte tout de même une grande culture personnelle dans de nombreux domaines gravitant autour de la montagne. Il y a aujourd’hui énormément de manières de pratiquer ce métier, en fonction des spécialités de chacun. Voici quelques exemples : les randonnées vertigineuses, les itinérances en refuge, les itinérances en bivouac, les randos avec les ânes, les randonnées en raquettes, la thématique géologie, les animations avec des scolaires, les randonnées yoga, les randonnées jeûne, les thématiques faune / flore, la thématique particulière du loup, du pastoralisme, de l’Histoire, des mathématiques, .. et plein d’autres encore.

Les randonnées Chtipaète
Ma spécialité est de prendre le temps d’apprécier le milieu naturel, de donner envie de le préserver, en étant à l’écoute des chants d’oiseaux, en étant à l’observation des traces des plus grands animaux et des plus petits insectes. Un projet à faire vivre!
Allez viens, on est bien!
Beau parcours. 💪 La randonnée ensemble de cet été, nous a permis de découvrir la montagne avec ton œil de professionnel. Bruits d’animaux, oiseaux 🐦 conseils etc.
Un combo gagnant pour passer un bon moment 👌👏